Depuis quelques années, il est apparu évident qu’au sein d’un logement, la perte de chaleur dans les eaux grises (douche, lavabo, évier) était une aberration contre laquelle il fallait lutter. Et depuis, toute une série d’offres technologiques s’est développée sur le marché basé sur le principe commun de récupérer la chaleur des eaux rejetées dans un échangeur pour préchauffer un flux entrant froid et limiter l’apport d’eau chaude, mais avec des positionnements spécifiques, plus ou moins collectifs ou proches de la source d’eau chaude résiduelle. Une des stratégies proposées est de se positionner directement à proximité d’une douche, en général sous le bac receveur, pour utiliser une partie de la chaleur renvoyée pour chauffer directement le flux d’eau froide entrant. C’est sur ce créneau que se situe le nouveau projet d’entreprise soutenu par l’incubateur d’Innovact, le projet Reccal, porté par David Rodriguez, mais avec une approche technique qui vise à simplifier l’adoption d’un tel système de récupération et donc limiter les travaux nécessaires à son installation. L’idée est de proposer un système de plomberie « plug and play », où on remplace un bout du tuyau d’évacuation par un autre bout de tuyau (le « turboSiphon ») contenant tout un dispositif intérieur d’échange de chaleur et des raccordements aux flux d’eau froide entrant et flux sortant vers la douche. Les travaux d’installation du dispositif sont donc minimums, juste contraints par le fait que le tuyau d’évacuation soit accessible ainsi que ceux de l’alimentation en eau froide.
Ce choix volontairement simple à installer a cependant impliqué un développement technique spécifique, notamment sur la géométrie du tube-échangeur en cuivre dans la section du tuyau PVC, afin de garantir à la fois un échange maximal et l’absence de risque de colmatage ou de dépôt. Une conception « toute en ron- deurs » pour éviter les points d’achoppement et garantir un système d’échange robuste et sans entretien. Les résultats en récupération de chaleur ne sont pas pour autant amoindris, puisque sur une section représentant un volume de 1,3 litres (avec l’équivalent de 4 mètres de cuivre), on peut faire passer une eau froide entrant à environ 10°C à 25°C en sortie, soit globalement les performances affichées par les solutions reconnues du mar- ché, mais sans travaux invasifs, donc appli-cable à la plupart des maisons en « retrofit » sans modifier la salle de bain. Le TurboSiphon devrait permettre pour une famille de 4 per- sonnes de générer 200 € d’économies sur un an en énergie sur le chauffe-eau : à moins de 400 €, il devrait donc être amorti en deux ans. Et autre point intéressant et différenciant sur le marché, ce dispositif pourra aussi être applicable, du fait de sa conception en « tuyau standard », à des éviers. « Une vaisselle, c’est 60 litres d’eau chaude », souligne David Rodriguez qui a d’ailleurs testé depuis plusieurs mois cette application avec son dernier prototype, démontrant à cette occasion l’absence de risque de colmatage du dispositif. Il sera aussi bien sûr possible de coupler une récupération de chaleur sur un lavabo et une douche d’une même pièce. Actuellement, la conception du turboSiphon est finalisée et a donc fait l’objet de tests en interne par le fondateur de la future entreprise.
Dans le cadre de son incubation, ce projet va déployer dans les prochains mois dix à vingt prototypes, afin de consolider les résultats de performance sur des typologies d’usage plus diversifiées, et prendre le temps de convaincre à la fois des résultats et de la simplicité de mise en œuvre les professionnels de la plomberie qui seront les prescripteurs et distributeurs-installateurs naturels de la solution. Cette période permettra aussi de gérer divers essais auprès du CSTB. L’objectif est ensuite d’ici la fin de l’année de créer l’entreprise pour porter l’industrialisation (un investissement dans un moule de production du tuyau avec ses points de connexion est nécessaire, d’où un besoin financier sans doute à suivre), et entrer dans une phase commerciale très active très rapidement.
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